L'hypnose Ericksonienne
L’hypnose est un sujet fascinant qui a traversé les âges, évoluant au gré des découvertes scientifiques et des perceptions culturelles. Son histoire remonte à des milliers d’années et peut être d’avantage si on considère les nombreuses formes qu’elle a pu prendre (chamanisme, transes berbères, méthodes hypnotiques sumériennes etc.). Par exemple, les Égyptiens utilisaient des techniques de transe et de suggestion dans le cadre de rituels religieux et de guérison. De même, les Grecs et les Romains avaient leurs propres pratiques de sommeil mystique, souvent liées à des cultes et des croyances spirituelles.
Au XVIIIe siècle, l’hypnose a commencé à prendre une forme plus structurée grâce à des figures comme Franz Anton Mesmer, un médecin autrichien. C’est la première rupture avec l’interprétation spirituelle ou religieuse supposé créer le phénomène de transe. Mesmer développe ainsi la théorie du « magnétisme animal », qui postule que des forces magnétiques peuvent influencer le corps humain et que la transe dite « magnétique » soigne en faisant circuler les fluides du corps. Ses séances, souvent spectaculaires, attiraient de grandes foules. La pratique est intéressante et soigne parfois, mais la théorie sera rapidement considéré comme erronée.
Un autre nom historique de l’hypnose, le marqui de Puysegur, disciple de Mesmer découvre, entre autre que certains sujets peuvent communiquer et accéder à des connaissances accrues pendant « l’état magnétique », c’est le début d’une démarche psychothérapeutique. À cette époque la théorie du magnétisme animal est décrié et désavouée et même interdite. Certains praticiens comme l’abbée Faria ou le médecin Alexandre Bertrand dans le rejet de cette théorie commence à envisager le pouvoir de l’imagination.
C’est au début du XIXe siècle que l’hypnose commence à être reconnue comme une méthode thérapeutique. James Braid, un médecin écossais, est l’un des premiers à utiliser le terme « hypnose », dérivé du mot grec « hypnos », signifiant sommeil. Braid met au point des techniques de suggestion par la concentration (le monoïdéisme – focalisation du regard etc.). La suggestion devient alors progressivement le vecteur essentiel de l’Hypnose. James Braid se distingue ainsi non seulement du magnétisme, de l’occultisme, mais aussi de l’imaginationnisme de ces prédécesseurs.
À partir de 1882 et jusqu’au début du XXe siècle, c’est l’âge d’or de l’Hypnose en France. notamment grâce à des figures comme Jean-Martin Charcot, qui utilise l’Hypnose pour traiter des patients atteints d’hystérie à la Salpêtrière à Paris. Charcot démontre que l’hypnose peut induire des états de conscience modifiés et contribue ainsi à légitimer son utilisation dans le domaine médical. Ses travaux influencent de nombreux médecins, dont Sigmund Freud, en amont de ses théorisations de l’inconscient et de la psychanalyse. En parallèle, Hyppolyte Bernheim, de l’école de Nancy étudie en profondeur l’aspect thérapeutique de l’Hypnose qu’il réduira définitivement au phénomène de suggestion.
À la suite du XXe siècle, engouement pour l’Hypnose décroît au profit de la psychanalyse. Freud considère entre autre que la suggestibilité des sujets est trop variable pour en faire une méthode thérapeutique généralisable. De plus, une grande partie des psychanalystes de l’époque répudient l’aspect manipulatoire de l’Hypnose et lui préfère une thérapie plus libre et plus consciente. En outre l’Hypnose, continue à être pratiquée dans la thérapie mais également dans d’autres domaines comme le spectacle.
« C’est votre attitude envers le patient qui détermine les résultats que vous atteignez. » M.H.Erickson
Il faut attendre la 2ème moitié du XXe siècle pour qu’un psychiatre américain Milton H. Erickson, vienne apporter un vent frais sur la pratique de l’Hypnose. En effet, ce psychiatre hors du commun, développe une approche innovante puisqu’au départ, personne ne comprend ce qu’il fait et pourquoi ses sujets rentrent en état d’Hypnose, ni quels ressorts thérapeutiques lui confèrent de si bons résultats. Un des aspect novateur de sa pratique est qu’elle est très indirect et utilise beaucoup de métaphores, d’histoires contés. Avec cette méthode tous les sujets semblent pouvoir accéder à l’Hypnose. Ses techniques ont un impact durable sur la psychothérapie et nombre de ses élèves écrivent des bases théoriques issues de sa pratique. C’est la naissance de l’Hypnose moderne, aujourd’hui parfois encore appelée Hypnose Ericksonienne.
Aujourd’hui, les praticiens d’Hypnose moderne profitent non seulement des avancées considérables du travail d’Erickson mais également du terreau fertile des thérapies brèves basées sur la communication interpersonnelle, voisines de l’Hypnose qui ont pris naissance à cette époque (systèmique, PNL, EMDR, EFT, école de Palo Alto etc.). De surcroît, l’avènement des neurosciences ces 20 dernières années légitiment et affinent les théories et hypothèses hypnotiques, parfois mise en pratique plusieurs dizaines années auparavant.
Toutes ces raisons confortent aujourd’hui l’Hypnose comme pratique thérapeutique reconnue efficace pour traiter divers problèmes, notamment la douleur chronique, l’anxiété, les phobies, les troubles du sommeil, addictions etc.
De ses origines anciennes à son utilisation moderne en tant qu’outil thérapeutique, l’Hypnose continue d’intriguer et de fasciner, tant par ses applications pratiques que par les mystères qu’elle soulève encore aujourd’hui.