Comment réguler ses émotions avec l’hypnose ?
Qui, dans sa vie, ne s’est pas déjà retrouvé en inadéquation avec ses émotions ? Soit submergé par elles : « Tout va bien, mais lorsque je parle en public, mes jambes me lâchent, je suis pris d’une panique terrible, je ne trouve plus mes mots, je vis l’enfer. » Soit complètement abandonné par elles : « je ne ressens plus l’excitation, le bonheur que j’avais en faisant cette activité, ce qui me faisait vibrer me semble morose. Ce paysage est fade à présent. »
C’est évidemment pire encore, lorsque mes inadéquations émotionnelles durent dans le temps. Lorsqu’elles prennent le pas sur ma vie, sur mon quotidien. Qu’elles me mènent par le bout du nez, que je n’ai plus la place de vivre ce qui fait sens pour moi. Pire, lorsque je ne ressens même plus ce qui fait sens dans la vie.
Que puis-je faire dans ces situations, qu’elles soient passagères ou plus extrêmes, lorsque j’ai épuisé toutes les solutions qui dépendaient de ma volonté ou de ma capacité de raisonnement ? C’est précisément dans ces moments que le recours à l’hypnose déploie toute son utilité. Et c’est ce que nous allons essayer d’aborder dans cet article : comment l’hypnose est un outil pour réguler nos émotions lorsqu’elles deviennent inadaptées à nos besoins et à notre rapport au monde.
Comme expliqué dans l’article précédent, il est important de se rappeler que le déclenchement des émotions ne dépend pas de notre volonté. Si l’on décide d’agir consciemment sur nos émotions, on agit donc forcément a posteriori. Nous ne pouvons donc avoir qu’un contrôle secondaire sur ce qui se passe, contrôle bien souvent insuffisant quand l’émotion est forte ou qu’elle vise à nous protéger.
Par exemple, si je panique lors d’un entretien d’embauche, je pourrais me dire « calme-toi, respire », mais quand la peur intense est lancée, il semble bien difficile de l’arrêter.
Pire encore, il arrive parfois que vouloir gérer une émotion nous amène à l’amplifier volontairement. Ainsi, si je n’arrive pas à m’endormir parce que je suis anxieux à l’idée que mes tâches du lendemain se passent bien, et si j’essaie de me conditionner en me disant par exemple : « arrête d’être stressé, il faut absolument que tu dormes », il y a de bonnes chances que j’aggrave mon insomnie et que je rentre dans un cercle vicieux.
L’hypnose moderne
L’hypnose moderne est en quelque sorte la science de la suggestion. Celle de faire passer une idée non seulement superficiellement, mais d’aller cibler certains fonctionnements qui échappent à notre contrôle. D’utiliser toutes les ressources qui sont les nôtres, mais que nous ne pouvons pas toujours activer par la volonté.
Ainsi, pour toucher un mécanisme qui s’active en dehors de ma volonté, de ma conscience, quoi de mieux qu’une discipline qui permet d’atteindre des zones inconscientes ? C’est d’autant plus vrai que lorsqu’on a un problème émotionnel, c’est forcément un problème qui se reproduit dans le temps. Effectivement, si un jour je suis amené à vivre une émotion, même très désagréable, je n’ai pas besoin d’agir dessus, c’est déjà passé. Le problème émotionnel se reproduit donc par nature de manière automatisée.
Le rôle du praticien d’hypnose d’accompagnement
Le praticien a deux missions principales lors d’un accompagnement par l’hypnose. Tout d’abord, il doit pouvoir guider le sujet dans un état d’hypnose, c’est-à-dire un état qui va favoriser la communication avec la partie inconsciente du sujet, là où sont mémorisés tous les apprentissages automatisés. Ensuite, sa mission consiste à comprendre comment le sujet reproduit son problème pour modifier sa structure même et permettre enfin au sujet de changer.
Lorsque le praticien en hypnose a identifié quel levier de changement activer dans l’inconscient du sujet, il utilise l’état d’hypnose pour suggérer, de manière subtile et surtout en respectant le fonctionnement de la personne, ce qui peut évoluer. C’est ensuite la personne en question qui change, évolue et s’adapte différemment pour sortir du schéma problématique.
C’est bien beau tout ça, mais un peu théorique, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que cela signifie dans la pratique des problèmes émotionnels ? Comment l’hypnose peut-elle m’aider à dépasser, régler mes problèmes émotionnels ?
Exemple pratique : la phobie
Prenons le cas d’une phobie, par exemple :
« J’ai 35 ans et depuis tout petit, j’ai peur des araignées. Je me souviens que lorsque j’avais 4 ans, mon grand frère s’était amusé à me jeter une araignée dessus, et j’avais eu une peur bleue, pensant qu’elle allait me mordre. Il s’était tellement moqué de moi que ce souvenir m’est insupportable, même à mentionner. Depuis, à chaque fois que je rentre dans une vieille maison ou que je vais à la campagne, je suis terrorisé à l’idée de tomber sur l’une d’elles. Lorsque j’en vois une, même toute petite, c’est la panique, je me fige. J’ai l’impression qu’elle est immense, avec ses immenses pattes velues, et qu’elle s’apprête à me sauter dessus à tout moment ». .
En effet, aujourd’hui, les araignées en France ne sont pas dangereuses. Cette peur est donc inadaptée, mais cette personne le sait très bien. Il sera donc complètement inutile de le lui dire. Nous pourrions alors utiliser l’hypnose pour l’aider à modifier ce déclencheur de peur intense qui lui gâche la vie. L’hypnose pourrait simplement aider à désensibiliser la peur de cette personne, mais aussi lui permettre d’utiliser des ressources différentes qui sont en lui, comme son imagination, pour qu’il crée une expérience où il se sent plus fort et capable de combattre l’objet de sa peur. Ou encore aller chercher les émotions de sérénité, de calme, de sécurité qu’il a vécues dans d’autres expériences de vie qui lui ont manqué au moment où il a ancré cette peur. On voit aussi que cette personne a une perception anticipée et déformée à l’idée de voir une araignée, et que c’est finalement cette perception qui lui fait peur et non la réalité. Une bonne option serait de l’aider à arrêter de reproduire cette perception et d’en créer une plus appropriée.
L’hypnose pour d’autres troubles émotionnels
Les phobies ne sont qu’une partie des troubles émotionnels que l’hypnose peut aider à surmonter. Parfois, nous sommes ensevelis sous des couches et des couches d’émotions ou des émotions trop fortes pour être digérées (deuil, maltraitance, harcèlement, épuisement anxieux, etc.). Ici aussi, l’hypnose est sans doute un outil de premier ordre. Nous sommes avant tout humains, et nous ne pouvons pas traiter toutes les informations (surtout les plus ébranlantes) en même temps. L’hypnose peut être un excellent outil pour intégrer progressivement les changements et les accumulations de la vie, notamment après un choc. Pour retrouver des ressources, du bien-être et digérer les choses au bon rythme. Parfois, il est plus aisé d’affronter le mal en se sentant bien et fort. Cette idée correspond beaucoup à l’application de l’hypnose moderne. C’est souvent aller chercher les ressources et le bien-être qui nous manquent pour encaisser ce qui nous assaille. Peut-être qu’après tout, aller bien ne passe pas toujours par traverser ce qui fait mal, mais tout simplement par retrouver du bien-être.
« Je suis convaincu et je vais vous convaincre, d’une façon ou d’une autre, que vous êtes toujours une machine à apprendre. L’avantage, c’est que vous pouvez apprendre des choses agréablement et rapidement. L’inconvénient, c’est que vous pouvez apprendre des nullités aussi facilement que des choses utiles ». Richard Bandler, fondateur de la PNL.
Avec l’hypnose, il s’agit souvent de choisir certains de nos apprentissages. Nous avons tous vécu des moments extrêmement traumatisants et des moments fantastiques, de pur bonheur. Lesquels de ces apprentissages laisserons-nous guider notre vie ? Sans doute que toutes ces expériences sont vraies. Sommes-nous obligés de subir l’empilement hasardeux de nos expériences comme apprentissage, leur donner l’opportunité de décrire les paysages de nos vies ? Ou voulons-nous les influencer pour apprendre à voir le monde et à l’arpenter de la manière la plus adaptée ?
L’hypnose d’accompagnement semble être cet outil qui permet l’harmonisation entre nos vécus profonds, inconscients, émotionnels et notre conscience, logique et parfois rationnelle. Ce n’est sans doute pas pour rien que de nombreuses civilisations avant et en parallèle des nôtres ont toujours utilisé des états modifiés de conscience avec ou sans produits psychotropes pour s’élever, grandir, changer. Peut-être continuons-nous à redécouvrir à travers les âges et les cultures comment nous fonctionnons.
Conclusion
En conclusion, l’hypnose s’avère être un outil puissant pour réguler nos émotions, surtout lorsque celles-ci deviennent inadaptées à nos besoins et à notre rapport au monde. Alors pourquoi ne pas vous lancer ?
