Comprendre ou réguler ses émotions
Nous vivons à une époque où, culturellement, il est particulièrement important de gérer nos émotions. En effet, il existe des règles et des normes sociales implicites auxquelles nous devons adapter nos réactions émotionnelles. Nous ne pouvons pas toujours nous permettre d’être violents, insultants, de pleurer, d’exploser de joie ou de partir en courant dans toutes les situations, même si c’est parfois ce que nos pulsions nous dictent avec plus ou moins de force.
Mais qu’est-ce que cela signifie réellement, gérer ses émotions ? Et de quoi parle-t-on exactement quand on parle d’émotions ? Nous savons tous ce que c’est, sans vraiment savoir le définir, n’est-ce pas ? Nous en avons depuis toujours, mais souvent, nous ne nous questionnons pas sur leur utilité. Nous en avons une idée vague, bien sûr. Les émotions comptent sans doute parmi les déterminants les plus essentiels de notre système d’apprentissage. Mais les étudions-nous pour autant ? Apprend-on à comprendre leur rôle et leur fonctionnement à l’école ? La réponse est non.
La définition du concept d’émotion fait encore aujourd’hui l’objet de recherches dans des domaines tels que les neurosciences, les sciences cognitives ou la psychologie sociale. Les émotions sont donc, en elles-mêmes, un sujet complexe à appréhender. Dans l’article qui suit, tentons d’approcher le concept de « gestion des émotions », ce qu’il représente pour nous et ce qu’il implique. Ensuite, voyons si une autre approche de notre rapport à nos propres émotions est possible et, pourquoi pas, mieux adaptée à nos modes de fonctionnement.
Comprendre les émotions
Afin de saisir ce concept, commençons par son origine étymologique. Le terme émotion vient du latin « e-movere », qui signifie « mettre en mouvement », « ébranler », « provoquer », « faire naître ». Le préfixe « e » signifie « qui vient de » (qui va vers l’extérieur). On parle donc bien d’une réaction à une perception qui a pour but de nous mettre en mouvement.
La première chose à comprendre avec les émotions, et qui est fondamentale, est que par définition, les émotions ne sont pas déclenchées consciemment ou volontairement. Elles sont un outil utilisé par notre cerveau pour nous mettre en mouvement en fonction de ce qu’il perçoit. Lorsqu’un bruit soudain survient derrière moi, je sursaute, je suis surpris, j’ai peur ; cela entraîne tout un ensemble de réactions physiologiques complexes (accélération du rythme cardiaque, augmentation de l’irrigation sanguine dans les membres, etc.). Pourtant, je n’ai pas décidé de cette réaction.
Les fonctions des émotions
Les émotions semblent remplir plusieurs fonctions essentielles. Parmi les principales, on peut citer :
- Fonctions d’adaptation endogènes et exogènes : Les émotions nous permettent de nous adapter à notre environnement. Elles nous protègent de ce qui semble dangereux ou délétère et nous poussent vers ce qui nous semble profitable. En cela, elles sont avant tout nécessaires à notre survie.
- Exemple : Si quelqu’un semble agressif envers moi et que mon cerveau identifie un risque pour mon intégrité physique ou psychique, il peut être judicieux qu’il m’envoie de la peur pour que je fuie, ou de la colère pour que je me défende. À l’inverse, si en discutant avec quelqu’un, mon cerveau identifie que cette conversation est bénéfique pour mes relations sociales, il serait opportun qu’il m’envoie de la joie.
- Fonctions d’apprentissage : Il existe une forte corrélation entre la mémoire et les émotions. Nous avons tous remarqué qu’une personne passionnée apprend plus vite qu’une personne qui s’intéresse peu à un sujet. Mais cela vaut également pour d’autres types d’émotions. Les événements impliquant de fortes émotions entraînent une activité neuronale saillante qui favorise leur mémorisation. C’est par exemple le cas pour les traumatismes. Notre cerveau mémorise puissamment les facteurs à l’origine du risque ressenti afin de redéclencher une forte réaction émotionnelle automatique lorsque ces mêmes facteurs réapparaissent.
- Fonctions de communication : Nos émotions permettent avant tout de communiquer nos états internes et nos intentions. Un sourire, une crispation de la mâchoire, une inflexion dans la voix ; nous sommes très sensibles à ces signes et les interprétons souvent inconsciemment. Nous en faisons une lecture d’une précision extrême. Il est d’ailleurs très souvent difficile de cacher complètement nos émotions, même avec de la volonté, n’est-ce pas ?
La gestion des émotions
Notre cerveau gère déjà automatiquement nos émotions, comme dans le cas du deuil, par exemple. Nous mettons donc volontairement ou involontairement de côté certaines de nos émotions. Cependant, il est probable que nous ayons tous fait l’expérience d’accumuler des émotions en nous en distançant, en faisant comme si elles n’existaient pas. Est-ce efficace pour gérer ses émotions ? Ou est-ce que les éviter pour ne pas les vivre est la meilleure manière, à terme, d’en perdre le contrôle tellement elles s’accumulent ?
Un consensus de la psychologie moderne tend à dire que le chemin le plus rapide pour réguler ses émotions est de les vivre pleinement. Dans la tentative de gérer ses émotions, il y a probablement une opposition à une partie vitale de nous-mêmes, qui est là pour nous aider à nous adapter au monde dans lequel nous vivons. Proposons donc une autre idée : celle de réguler ses émotions. Ainsi, si nous cherchons à réguler nos émotions, nous pouvons parfois utiliser le chemin le plus rapide, c’est-à-dire nous laisser traverser par elles afin d’en récupérer toute la substance et tous les messages importants, comme on regarderait la direction d’une boussole.
Ainsi, quand la boussole nous montre une direction et qu’un fossé nous barre la route, il sera évident de continuer à suivre cette direction, mais en faisant le détour nécessaire pour ne pas tomber. L’idée de cet article était de montrer que nos émotions ne doivent pas être considérées comme des ennemies à dompter, mais bien comme des alliées avec qui coopérer. Puisque même si elles ne sont pas initiées par notre volonté, elles font partie de nous et sont indispensables à tout moment de notre vie.
Conclusion
Enfin, lorsque nos émotions nous dépassent et qu’il ne suffit plus de se laisser traverser par elles pour retrouver un état d’équilibre, il est bon de se faire accompagner par des professionnels compétents. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de pratiques comme l’hypnose d’accompagnement. Dans l’article suivant, nous présenterons donc les solutions que l’hypnose d’accompagnement et les thérapies brèves peuvent apporter dans le cas de dérégulations émotionnelles.
